- Une auto unique
- Le seul V8 culbuté français
- Etat mécanique exceptionnel
L’histoire de cette auto très particulière est celle de deux hommes, Albert SImille et Joseph AMpoulié (d’où le nom SIAM). Travaillant tous deux pour Ford France, le premier comme ingénieur technique et le second comme agent à Neuilly, ils décident un jour de créer un prototype sur base de Ford Vedette pour battre des records de vitesse sur l’anneau de Montlhéry et faire ainsi la publicité de la Vedette. Ainsi naquit cette auto particulière, habillée d’une carrosserie en aluminium dessinée par M. Gallet et réalisée dans le garage de Joseph Ampoulié.
Les deux hommes furent rejoints par Henri Trillaud, agent Ford également, qui avait couru en 1947 sur Delahaye 135 S sous la bannière Ecurie France, Maurice Varet qui avait aussi couru au sein de l’écurie Gersac sur Delage et qui travaillait à Poissy, et Louis Gérard. Les premières études commencèrent en 1950, et en juillet 1952 la voiture était prête.
Après deux tentatives infructueuses, la troisième fut la bonne : 9 383,854 km parcourus en 72 h à la vitesse moyenne de 130,331 km/h, et 10 000 km parcourus en 76h 32’15’’ à la vitesse moyenne de 130,654 km/h. Le meilleur tour étant parcouru à la vitesse moyenne de 169,800 km/h et le dernier tour à 153 km/h. Pilotes : Ampoulié/Trillaud/Varet/Bonnerot/Gorgaud/Lanique. Ford France participa discrètement à l’entreprise et le directeur général de l’époque, François Lehideux, évoqua même l’engagement de deux autos aux 24 h du Mans 1953. Malheureusement, son départ de l’entreprise, peu après, mit brutalement fin au support de la marque.
La rumeur veut que le projet ait coûté au moins 5 millions de francs de l’époque, chiffre probablement sous-estimé car ne prenant pas en compte les heures de main-d’œuvre.
La voiture finit alors, ses records battus, dans le garage d’Ampoulié et courut au moins deux fois : aux 24 h de Spa le 26/07/1953 (abandon sur casse moteur) et au Bol D’or automobile les 14 et 15 mai 1955 avec comme pilotes Giraud-Cabantous et Ampoulié. Les freins lachèrent et Ampoulié finit dans un talus. La voiture fut alors remisée dans son garage, avant de terminer au Musée des V8 français de Brioude, puis fut achetée par son propriétaire actuel à la liquidation dudit musée en 1992. Ce dernier l’a restaurée intégralement au niveau du châssis et de sa mécanique, mais n’ayant pas les moyens financiers de faire refaire une carrosserie en aluminium à l’époque de l’achat, il a fait faire cette coque en polyester, d’un dessin inspiré du roadster Shelby Cobra.
Mécaniquement, l’auto est identique à sa dernière version ayant couru au Bol d’Or : la base de Vedette est conservée, et le châssis est finalement assez peu modifié : lames de ressorts inversées pour abaisser la hauteur de caisse, amortisseurs renforcés, deux réservoirs de 70l, roues fil Robergel, pneus Dunlop AV/AR 6.00×16/6.50×16, pignon final à 11 dents au lieu de 9. Avec un poids de 850 kgs, l’auto permettait une vitesse max de 180km/h.
C’est le moteur qui a été l’objet de toutes les attentions, et qui est une pièce unique, le seul V8 culbuté français. Il est ainsi passé de 2160 cm3 à 1995 cm3 pour entrer dans la classe E (1501 à 2000 cm3) avec des cotes de 66.04×72.80 au lieu de 66.04×78.80. Chambres de combustion hémisphériques, soupapes en tête, culbuté (soupapes latérales à l’origine). Taux de compression 7.2 : 1. Quatre carburateurs Zenith inversés (remplacés par des Solex pour la course). 93 ch à 4 700 tr/min.
Cette auto unique, restaurée à la fin des années 1990, représente une très belle opportunité pour qui veut acquérir un morceau d’une époque toute particulière, celle des records de vitesse, avec ses lots d’exploits et de drames. Partie intégrante du patrimoine automobile hexagonal, la SIAM ne demande qu’une nouvelle carrosserie pour être conforme à son passé. Présentée dans un état mécanique exceptionnel, elle possède son contrôle technique valide.
Il reste de l’ancienne carrosserie une portière, qui sera fournie avec la voiture, ainsi qu’un jeu de culasses.